Ablation de l'estomac

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Ablation de l'estomac Katarzyna Białasiewicz/123RF
  L'ablation de l'estomac pratiquée en cas de cancer est destinée à retirer l'ensemble de la tumeur avec une marge de sécurité pour préserver le tissu sain autour. Dans le cas d'un cancer gastrique, l'opération nécessite une ablation de l'estomac (gastrectomie), soit partielle ou totale.

Elle s'accompagne d'une ablation des ganglions lymphatiques voisins (curage ganglionnaire), voire, en fonction de l'emplacement de la tumeur, d'une ablation de la rate (splénectomie). La gastrectomie est le seul traitement du cancer de l'estomac qui permet d’offrir une chance de guérison.

Important : dans 25 à 40 % des cas, on découvre lors de l’intervention chirurgicale des métastases qui n'ont pas été détectées lors du bilan préopératoire.

Opération des cancers de l'estomac à un stade très précoce

Lorsque le diagnostic de cancer de l'estomac est posé à un stade très précoce, il est parfois possible d'éviter de procéder à une gastrectomie.

Endoscopie opératoire pour procéder à l'ablation de la tumeur

On peut traiter ce type de cancers débutants par endoscopie opératoire. De manière comparable à la fibroscopie, on introduit un tube souple équipé d'un laser ou d'un bistouri électrique. On procède ainsi à l'ablation directe de la tumeur. Cette intervention très locale ne convient donc qu'aux tumeurs de l'estomac :

  • de grade G1 (les cellules tumorales ressemblent encore fortement aux cellules saines de l'estomac) ;
  • peu étendues ;
  • peu profondes (Tisin situ – c'est-à-dire qui ne touchent que la surface de la muqueuse) ;
  • qui n'affectent pas les ganglions lymphatiques (N0).

Bon à savoir : en cas de tumeur neuroendocrine gastrique, même si elle est de grade 3, une résection localisée peut être envisagée si elle mesure moins de 1,5 cm et s'il n'y a pas d'envahissement lymphatique.

Mucosectomie endoscopique : retrait de la muqueuse de l'estomac

Le Japon est un pays fortement touché par les cancers de l'estomac. Il est pionnier dans le domaine de la mucosectomie ou résection endoscopique de la muqueuse.

Comme son nom l'indique, cette opération consiste à retirer la muqueuse (voire la sous-muqueuse) de l'estomac. Cette technique est utilisée pour les cancers gastriques de stade I.

Bon à savoir : la mucosectomie n'est pas pratiquée en France.

Différents types de gastrectomies

Il existe plusieurs types de gastrectomies et le chirurgien opte pour celle qui convient le plus au cancer de l'estomac à traiter. Dans les formes précoces de cancer de l'estomac, la chirurgie est suffisante. Si le cancer est plus étendu, une chimiothérapie et/ou une radiothérapie complémentaires peuvent compléter la chirurgie. En revanche, en cas de cancer de l'estomac métastasé, on privilégie la chimiothérapie à la gastrectomie. Si la tumeur est vraiment trop importante, on pratique une dérivation entre l’estomac et l’intestin grêle.

Bon à savoir : en réalisant une prise en charge psychologique et nutritionnelle et surtout en pratiquant des exercices physiques (une heure 2 à 3 fois par semaine) dans les deux mois qui précèdent une intervention chirurgicale lourde pour un cancer abdominal on améliore les capacités fonctionnelles du patient, sa qualité de vie et on réduit les risques de complications.

Gastrectomie partielle : ablation des 4/5e de l'estomac

La gastrectomie partielle (ou résection cunéiforme) consiste à retirer une seule partie de l'estomac, celle qui est touchée par la tumeur. Néanmoins, ce sont tout de même les 4/5e de l'estomac qui sont retirés. Sont candidats à cette intervention les cancers de l'antre, c'est à dire localisés dans la partie moyenne de l'estomac ou sa partie distale (son extrémité basse, près du pylore, là où il s'abouche avec le duodénum).

On distingue deux types de gastrectomie partielle :

  • Les gastrectomies partielles distales consistent à retirer la tumeur ainsi qu'une marge de tissu sain de 6 à 8 cm tout autour. Dans certains cas, la première portion du duodénum est également enlevée. Le chirurgien doit alors relier la partie d'estomac restante au duodénum.
  • Les gastrectomies partielles proximales sont plus rares. Elles consistent à retirer la partie supérieure de l'estomac (cardia), à proximité de l’œsophage. En cas de cancer cardio-tubérositaire, la dernière partie de l’œsophage est elle aussi enlevée.

À noter : suite à une gastrectomie partielle, un cancer de la partie d'estomac restante fait son apparition dans 5 % des cas. Le risque est encore plus important 15 à 20 ans après l'intervention.

Gastrectomie totale : ablation complète de l'estomac

La gastrectomie totale est plus rarement pratiquée que la gastrectomie partielle. Cette intervention particulièrement lourde est réservée aux cancers qui touchent le corps de l'estomac, le fundus, ou en cas de cancer diffus (selon la classification de Lauren). Deux cas possibles :

  • Si l’œsophage est peu touché par le cancer, on peut réaliser une gastrectomie totale et une ablation d'une petite partie de l’œsophage (œsophagectomie partielle). Dans ce cas, le chirurgien assure la continuité du tube digestif. Il raccorde l’œsophage à à un intestin grêle sectionné en Y.
  • Si la tumeur remonte dans l’œsophage, il faut nécessairement conserver une partie de l'estomac. On s'en sert alors comme un tube qu'il faut rattacher à la partie supérieure de l’œsophage.

Après la gastrectomie totale, le médecin raccorde l’œsophage à l’intestin. Cette chirurgie entraîne souvent des RGO (la bile remonte dans l'œsophage). La technique de l'anse en Y est donc aujourd'hui privilégiée car elle permet d'éviter ces reflux.

À noter : il est parfois nécessaire de retirer divers organes pour empêcher la propagation du cancer : la rate, la partie basse de l’œsophage, la partie haute de l’intestin, une partie du pancréas et d’autres organes.

Curage ganglionnaire : retrait des ganglions lymphatiques

Le cancer de l'estomac a tendance à se propager rapidement aux ganglions lymphatiques qui l'entourent, c'est pourquoi Il est nécessaire de pratiquer un curage ganglionnaire (retirer ces ganglions).

Les ganglions sont relativement nombreux dans cette région de l'organisme. On retrouve :

  • les ganglions de la chaîne splénique (en direction de la rate) à gauche ;
  • les ganglions de la chaîne coronaire stomachique (qui entoure l'estomac en couronne) ;
  • les ganglions sous-duodéno-pyloriques (situés vers le foie en dessous du pylore et du duodénum), à droite ;
  • les ganglions du tronc cœliaque, en arrière.

Important : le curage ganglionnaire est indispensable pour éviter une propagation du cancer par voie lymphatique.

Les ganglions retirés sont examinés au microscope afin de déceler d'éventuelles cellules cancéreuses qui se seraient disséminées depuis la tumeur primaire. Si elles sont présentes, le risque de métastases est élevé. Le patient doit être surveillé de près.

Effets secondaires de l'ablation de l'estomac

Après une ablation de l'estomac suite à un cancer, les patients peuvent :

  • ressentir des brûlures d'estomac ;
  • éprouver des maux de ventre ;
  • avoir une sensation de plénitude à la fin du repas (« syndrome du petit estomac ») ;
  • souffrir de diarrhées, notamment en cas de gastrectomie totale (en raison de l'accélération du transit intestinal) ;
  • présenter des carences en vitamine B12 avec une anémie ;
  • présenter une anémie en raison d'une carence en fer (en cas de gastrectomie partielle).

En cas de présence de ces symptômes, les malades doivent prendre régulièrement des suppléments en vitamine B12 avec des injections intramusculaires à réaliser tous les trois mois.

Par ailleurs, ces patients doivent faire attention à leur alimentation, c'est-à-dire :

  • supprimer les sucres rapides, sous peine d'être en hypoglycémie dans les heures qui suivent ;
  • réaliser de plus petits repas et plus nombreux (5 par jour) ;
  • avoir des apports énergétiques et protéiques suffisants ;
  • cesser la consommation de boissons gazeuses et d'alcool.

Les patients qui ne suivent pas ces recommandations risquent d'être victimes du « dumping syndrome » lié à l'arrivée trop rapide des aliments dans l'intestin. Ce syndrome survient après les repas et se traduit par un malaise général et une fatigue brutale.

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